Je me suis toujours demandée ce que je ferais de mon premier collier de pâtes. Et bien la réponse m’est venue tout naturellement aujourd’hui, jour de Fête des Mères aux Etats-Unis. Je l’ai porté toute la journée. Tout simplement.
Instants de vie
Petits bonheur, moment de tristesse, joie de vivre, carpe diem
Mon fils a ramené, très fier, sa première peinture faite à l’école. Là, c’est un cygne (en vert). Qui regarde la neige (en bleu). Et qui n’a pas peur des orages (en bordeaux). Mon fils me montre aussi le petit zigouigoui en bas, à droite. Tracé au crayon de papier. Qui n’est pas un zigouigoui, d’ailleurs. C’est une signature. Mon fils a signé son oeuvre.
Je ne peux m’empêcher d’interroger l’artiste. Pourquoi le cygne n’a pas peur des orages? Mais enfin, Maman, c’est évident. Quand on a peur, on appelle sa Maman et son Daddy. Mais comme les cygnes ne peuvent pas parler, ils ne peuvent pas appeler Maman ou Papa, et donc, ils ne peuvent pas avoir peur.
Effectivement, vu comme ça, comment ai-je pu poser la question.
Mon fils a reçu un petit magazine de France hier. Au milieu, grande découverte, se trouve sa chanson préférée. Chantée des centaines de fois avec sa grand-mère. Mon fils est ravi, je me mets à chanter:
« Au feu les pompiers, v’là la maison qui brule
Au feu les pompiers, v’là la maison brulée
C’est pas moi qui l’ai brulée, c’est la cuisinière,
C’est pas moi qui l’ai brulée, c’est le cuisinier. «
Et mon fils me regarde, autant fâché que déçu : « Mais, c’est pas la vraie chanson ! Y’a pas la cantinière ! Ni le cantinier ! « .
Depuis quelques temps, les enfants parlent beaucoup de la langue Anglaise vs la langue Française. Surtout mon fils, qui prend conscience de son environnement, et qui se met à me traduire de mots, au cas ou je ne comprenne pas. « Maman, en Anglais, c’est… ». D’ailleurs, pour lui, l’Anglais, c’est pour les garçons, le Francais, c’est pour les filles. Daddy parle Anglais. Maman parle Français. Je suis un garçon. Je parle Anglais. CQFD.
Mais c’est ma fille qui m’a fait sourire cet après-midi, alors que nous écoutions les Beatles dans la voiture. Ma fille chante. Et me dit combien elle aime ce groupe. Son frère dit « Me too ! ». Je leur dis que ça passe de génération en génération, que leur grand-père, mon père, aimait beaucoup aussi. Et ma fille me dit: « Mais comment ca? Il parlait Anglais ? ».
Je me suis, somme toute, assez bien habituée à la vie aux Etats-Unis. A un point même que parfois, j’oublie quand quelque chose peut être autre que ce que j’ai connu en France. Jusqu’à ce que, par exemple, quelqu’un me fasse remarquer que les dates sont à l’envers. Ah oui, tiens. C’est vrai, ça. Le 4 mars ici, c’est 03/04, et non 04/03. Ca m’a pourtant joué des tours à mon arrivée, mais maintenant, c’est un automatisme acquis.
Mais des fois, ça me tombe dessus. Comme quand on me dit le poids de ma fille à sa naissance. En pounds. Et que ça ne me dit rien de rien du tout. Ou quand j’ai du porter une robe qui trainait par terre lors de la remise de diplôme universitaire , après avoir dit que je mesurais 6 ft 4 au lieu de 5 ft 4 lors de la commande. Ou comme ces jours où je dois commander du carrelage. Et voilà mon mètre (qui n’est pas un mètre, d’ailleurs, mon yard?) qui me donne des 24 inch 3/4 par ci, des 52 inch 5/8 par là, à ajouter, à convertir en Feet, le bon de commande étant en Square Feet. Et je divise par 12, et je convertis des fractions, et j’ajoute. Scrogneugneu de scrogneugneu. Je me suis encore trompée. Tout est à refaire.
Nous habitons dans un quartier très boisé, et récemment, je passe en voiture le long d’un jardin, et je vois… une chèvre. Blanche. Un peu surprise, car nous habitons en ville, je ralentis. Pour voir d’autres chèvres. Marrons. Je m’arrête. Et là, je m’aperçois que ce ne sont pas des chèvres, mais des chevreuils. Dont un est albinos. Alors ça, je n’avais jamais vu. Un chevreuil. Tout blanc.
L’école de mon fils a une semaine est un peu festive, avec un thème qui change tous les jours. Et autant ma fille aimait beaucoup ce genre de semaine quand elle était en école maternelle, autant mon fils, ça le déroute plus qu’autre chose.
Ca a commence lundi par un « PJ day », une journée pyjama où les enfants peuvent aller à l’école … en pyjama. Mais je vais dormir à l’école? Qui va me raconter une histoire? Et pourquoi je mets un pyjama sans couche dessous? Et ma maitresse, elle va être en pyjama? Et toi? Et mon doudou, je peux l’emmener? Et pourquoi, et pourquoi et pourquoi.
Mardi, c’était « Crazy hair / Crazy hat », gel dans les cheveux, couettes et chapeaux en tout genre. Je trouve un compromis avec mon fils, extrêmement sensible du cuir chevelu, un bandeau rouge qu’il met couramment quand il joue avec ses outils. Et c’est reparti: et mes lunettes de piscine, je peux les mettre? Je les mets toujours avec ce bandeau pour me protéger mes yeux quand je travaille. Non? Pourquoi? Et ma scie, je peux la prendre? Et mon aspiratateur?
Petit répis aujourd’hui, où les enfants étaient invités à porter un T-shirt de leur équipe sportive préféré. Mon fils a dit « Okeille, Maman » et a mis son T shirt des Indians de Cleveland sans poser de question.
Mais demain, c’est journée « Inside Out », où les vêtements se portent à l’envers. Et je l’entends déjà: Mais pourquoi on voit « la tiquette »? Et ma culotte aussi? Et mes chaussettes? Oh non, mais comment je fais avec mes chaussures?
Encore deux jours et promis, tu peux t’habiller comme tu veux, mon petit bout. Short et bottes de pompier, aucun problème, c’est toi qui choisit.